– Mise à jour 17/10/2022 –
ATTENTION, les règles UE durcissent… !
Si vous vivez dans un pays qui n’a pas de règles relatives aux sociétés étrangères contrôlées (SEC), ou qui dispose d’une fiscalité territoriale, vous pouvez créer vos entreprises où vous le souhaitez et bénéficier des avantages que les juridictions concernées offrent.
Mais si ce n’est pas le cas, si vous vivez dans un pays avec des règles SEC (que nous appellerons CFC dans notre article, un terme usuellement utilisé au niveau international), vous devrez porter une attention particulière à certains aspects de ces règles.
Nous avons déjà mentionné dans ce blog les différents pays dans lesquels vous pouvez établir votre société (Irlande, Andorre, Canada, …).
Créer une société et bénéficier des avantages fiscaux du pays est facile pour les personnes qui sont déjà des nomades digitaux ou qui sont prêtes à quitter le pays. Tout ce que vous avez à faire est de choisir le meilleur pays pour y résider, ou vivre directement en tant que touriste et profiter de la vie d’un touriste perpétuel.
Vous ne pourrez pas toujours bénéficier des avantages fiscaux liés à la création d’entreprises à l’étranger (encore moins si l’État en question est considéré comme un paradis fiscal et figure sur la liste noire).
Suite aux nouvelles dispositions européennes concernant les CFC, il y a matière à revoir la situation, c’est ce que nous adressons dans l’article d’aujourd’hui.
Nous vous expliquons ce que sont les règles CFC, autrement dit les lois fiscales internationales, comment elles fonctionnent dans les différents pays du monde, et l’effet qu’elles peuvent avoir sur vos projets de création de société en dehors du pays dans lequel vous résidez.
Votre objectif principal devrait être de savoir si votre pays de résidence a des règles CFC, et si oui, comment elles vous affecteront et comment vous pouvez légalement les éviter.
À la fin de l’article, nous expliquons les effets des règles CFC sur les sociétés installées dans trois pays, dont la France et la Belgique.
Thèmes abordés dans cet Article
Tout sur les règles des CFC
Commençons par un peu d’histoire…
Les règles des CFC ont été adoptées pour la première fois en 1960 par les États-Unis, dans le but de recueillir des renseignements sur les entreprises américaines à l’étranger.
Les premières règles exigeaient que les sociétés américaines fournissent des renseignements sur les filiales de premier et de deuxième niveau des sociétés américaines.
Ces règles visaient donc les multinationales ; pour définir le niveau d’appartenance des filiales avec la maison mère dans le pays, il a été défini le seuil de plus de 50 % des actions avec droit de vote détenues directement par une ou plusieurs sociétés américaines. Cette notion était valable pour un jour quelconque de l’année d’imposition de la société étrangère.
La Loi sur le revenu de 1962 (the 1962 Act) a, semble-t-il, été la première tentative d’utiliser les lois de l’impôt sur le revenu pour limiter les investissements américains à l’étranger. Elle voulait apporter un changement fondamental sur l’expansion des investissements américains à l’étranger.
Onze ans après l’adoption par les États-Unis des règles sur les CFC, l’Allemagne se rallie à cette approche fiscale et incorpore ces mesures dans sa législation en 1972.
Deux autres pays suivent la vague en instaurant ce régime dans leur État respectif : le Canada (1976), et la France (1980). Mais contrairement aux trois premiers pays qui voyaient une imposition globale, la France ne visait que l’utilisation abusive de son régime d’exemption de participation (son régime fiscal territorial permettait en effet aux entreprises nationales de réaliser des bénéfices dans des juridictions à faible fiscalité en créant des filiales à l’étranger). En introduisant des règles CFC, la France constituait un outil supplémentaire pour réduire le montant de l’impôt qui était non imposé chez les sociétés mères françaises.
Le Royaume-Uni devient le cinquième état en 1984. L’objectif initial de ce dernier était apparemment une réponse aux créations de sociétés ‘tirelires-offshore’ qui ont conduit à l’exportation de capitaux tout en permettant à ces firmes de poursuivre leurs activités sans être nullement touchées. Une révision majeure a lieu en 2012.
Les États-Unis, toujours soucieux de contrôler leurs sociétés nationales, remanient leur Tax Reform Act en 1986 pour, entre autres, empêcher le transfert de 50 % des actions d’une société étrangère à des actionnaires étrangers qui tenteraient de la sorte d’échapper à la définition de CFC.
L’Espagne rejoint le club des pays régulant les CFC en 1995 en même temps qu’elle entreprend une modification majeure de son système d’impôt sur le revenu. Elle modifie sérieusement ses règles en 2015 en incorporant certaines recommandations de l’OCDE sur l’érosion de base et le transfert des bénéfices (BEPS). Les règles CFC sont l’Action 3 du BEPS.
La Chine adopte elle aussi des règles sur les CFC en 2008, bien que ne les ayant appliquées dans un premier cas qu’en 2014.
Les « mesures CFC » ont des conséquences pour les entreprises qui sont établies à l’extérieur du pays de résidence. Elles décident si l’entreprise à l’étranger doit entrer dans l’assiette imposable au niveau local (c’est-à-dire dans le pays de résidence de l’associé). Au niveau international, en dehors des pays cités précédemment, vous pouvez également trouver des règles CFC au Mexique, au Brésil, en Argentine, au Pérou, en Afrique du Sud, au Japon, en Corée du Sud, en Australie, en Indonésie et en Nouvelle-Zélande.
Il est important de comprendre que lorsque nous parlons d’impôts dans le présent article, nous faisons toujours référence à l’impôt des sociétés (l’IS pour la France, ou l’ISOC pour la Belgique).
Les règles CFC n’ont pas n’avaient pas d’effet réglementaire sur les déclarations d’impôt sur le revenu des personnes physiques; cependant plusieurs pays ont introduit ces règles visant les personnes physiques à travers les entités juridiques de personnes incluant également les fondations, trusts, autres sociétés de personnes. C’est le cas de l’Estonie, de la Lettonie et l’année prochaine (2023) aussi de Taïwan. L’imposition aura ici des répercussions sur la déclaration des particuliers (donc l’IRP).
De nombreux pays n’ont pas voulu intégrer des règles CFC.
Si vous voulez éviter de payer des impôts sur les revenus gagnés à l’étranger, vous devez résider dans un État ayant un système d’imposition territorial ou dans un État où vous pouvez vivre en tant que non-dom (vous pouvez chercher les deux termes dans le blog Libre d’État si vous ne les connaissez pas).
L’objectif des règles CFC, comme nous le disions, est d’empêcher ou d’entraver la création de structures utilisées par les sociétés pour l’optimisation fiscale. En d’autres termes, ils sont mis en place pour s’assurer que vous ne transférez pas vos bénéfices à des sociétés établies dans d’autres pays et qui sont directement ou indirectement sous votre contrôle dans le but d’économiser l’impôt.
Les règles CFC touchent habituellement les sociétés fictives passives (aussi connues sous le nom de sociétés fictives) qui protègent les profits afin d’éviter de payer des impôts. Mais comme vous le verrez plus loin, de nombreux pays visent les revenus actifs aussi.
Votre pays de résidence voudra généralement une part du gâteau, et pour ce faire, il utilise les lois fiscales internationales pour réduire les profits de vos sociétés étrangères, et vous imposer de la sorte une appartenance fiscale sur son territoire.
Qu’est une règle dite « CFC » ?
Les règles dites «CFC» (pour «Controlled Foreign Companies») , ou SEC en français (pour Sociétés Etrangères Contrôlée) est une des cinq directives ATAD (anti-tax abuse directive) de l’OCDE. Elles stipulent que les bénéfices réalisés par des filiales étrangères (situées dans ou hors l’UE) pourront être taxés dans le pays de la maison mère, même en l’absence de toute distribution de dividendes. Deux conditions sont prévues pour cela :
- Taux de participation : que les filiales soient détenues à plus de 50% par la maison mère
- Seuil d’impôt : que les filiales soient imposées à un taux au moins inférieur de moitié à celui pratiqué dans le pays de la maison mère (même si les revenus ne sont pas distribués).
Note : la directive ATAD (Directive (UE) 2016/1164 du 12 juillet 2016 ) établit les règles pour lutter contre les pratiques d’évasion fiscale qui ont une incidence directe sur le fonctionnement du marché intérieur. Elle a été adoptée le 21 juin 2016 par le Conseil. Cette directive s’inscrit dans la lignée du projet BEPS de l’OCDE (qui vise à combattre l’«érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices»). Elle traduit la volonté de l’Union européenne de « déclarer la guerre » aux paradis fiscaux et à lutter contre les dispositifs hybrides au sein de l’Union européenne, à limiter la déductibilité des charges d’intérêt et des règles relatives aux sociétés étrangères contrôlées. Pour beaucoup de membres UE ils s’appliqueront pour la première fois en 2019.
Quelle est la situation en Europe ?
Jusqu’en 2019, il y avait des États sans règles officielles sur les SEC (CFC), mais qui avaient mis en place une réglementation ou une loi locale pour entraver la gestion des sociétés à l’étranger. C’était le cas par exemple de l’Autriche, la Lettonie, Malte, les Pays-Bas et la Slovénie. Mais la situation dans ces pays a changé, comme nous vous l’expliquons ci-après.
Soucieuse de mettre fin à tous ses capitaux qui fuient vers d’autres États, la Commission européenne avait lancé en 2011 un ensemble de règles unifiées permettant de déterminer le résultat imposable d’une société au sein de l’UE : l’Assiette Commune Consolidée pour l’Impôt sur les Sociétés (ACCIS). Mais, étant trop ambitieux cette année-là, l’ACCIS est resté inactif, pour revenir en force en octobre 2016 suite au Panama Papers (avril 2016), puis des Bahamas Leaks (septembre 2016). Ces règles visent ainsi les sociétés exerçant des activités transfrontalières à se conformer à un système européen unifié pour déterminer leur revenu imposable, plutôt que de laisser libre choix aux différents régimes nationaux dans lesquels l’activité est exercée.
Mais, sur cet aspect-là, on est encore loin du compte : les États Membres de l’UE ne s’accordent pas si facilement et ne se laissent pas si facilement convaincre de confier une partie de leurs pouvoirs aux eurodéputés. Dès lors, afin de préserver des intérêts nationaux parfois divergents, ils n’hésitent pas à se servir de leur droit de veto ou de monnayer leur voix contre des concessions dans d’autres domaines.
Les avancées dans une harmonisation UE de l’ACCIS restent donc très lentes.
En revanche, en ce qui concerne les CFC, il y a eu de nets progrès (négatifs pour les multinationales et structures internationales) puisque la directive ATAD a réussi à faire courber l’échine à la majorité des pays membres : les Pays-Bas, la Belgique, et même l’Irlande et le Luxembourg, qui avaient résisté tant bien que mal, ont eux aussi dû transposer ces mesures dans leurs juridictions respectives en 2019, avec application en 2020 (une première révision de leur implémentation est prévue en août 2020). Les mesures CFC étant une composante de la directive ATAD, les 27 membres les ont tous transposées dans leurs lois locales.
Bien que, dans une certaine mesure, ces règles suivent un modèle semblable partout dans le monde, à d’autres égards elles varient d’une juridiction à l’autre.
Néanmoins, 6 composantes sont en général établies pour les CFC :
- définition d’une CFC
- exemptions aux règles sur les CFC et obligations de seuil (exigences minimales)
- définition du revenu
- les règles de calcul du revenu
- les règles d’attribution du revenu
- règles tendant à prévenir et supprimer la double imposition.
Les critères de définition d’une CFC peuvent varier selon le pays (niveau de contrôle de la société mère, le seuil d’imposition chez la filiale privilégiée, etc…). Quant à l’application de ces règles, un pays peut taxer uniquement le revenu passif, tandis qu’un autre taxerait les revenus tant actifs que passifs d’une société.
La définition du revenu
La définition du revenu se base généralement sur trois éléments : une analyse de substance, une analyse de catégories de revenus et une analyse des bénéfices excessifs.
- L’analyse de la substance vise à déterminer si les CFC ont des activités importantes dans un pays et s’ils ne sont pas simplement incorporés à des fins d’évasion fiscale. La question qui découle de cette analyse est de savoir si les CFC avaient la capacité de gagner un revenu ou non. Ce point est détaillé au point « Exception 2 », plus loin.
- L’analyse de catégories de revenus répartit les revenus perçus par la CFC dans les différentes catégories selon leur définition légale (dividendes, redevances, etc.), la source de revenu et les relations entre les parties. L’analyse de la substance et de catégories de revenus sont ce que la plupart des États membres de l’UE intègrent dans leurs législations.
- L’analyse des bénéfices excédentaires concerne le revenu tiré de biens incorporels ; Elle consiste à calculer un taux de rendement normal ; la différence entre les deux est traitée comme un revenu des CFC. Lorsque le taux de rendement est calculé, le risque est pris en compte à raison de 8 à 10 points de pourcentage (semblable au cadre du GILTI73 dans les règles américaines).
L’ATAD prévoit deux options pour les CFC : l’option A, retenue par la majorité des pays membres, et qui vise à inclure tous les types de revenus passifs (dividendes, intérêts, etc.) à moins que la CFC n’exerce une activité économique substantielle. Le Luxembourg, lui, a choisi de maintenir son régime en optant pour l’option B, comme expliqué dans la liste en fin de document.
Les règles ne s’appliquent pas à une CFC dont le bénéfice inscrit au bilan commercial n’excède pas 750 000 euros ou ne dépasse pas 10 % de ses frais de fonctionnement au cours de la période d’imposition (à l’exclusion des coûts des biens vendus en dehors de l’État de résidence du SEC et des paiements effectués aux entreprises associées).
Que se passe-t-il si votre pays de résidence n’a pas de règles CFC ?
La conséquence de l’application des règles CFC est que les revenus non distribués de la société contrôlée seront compris dans l’assiette fiscale des actionnaires résidents.
En dehors de l’UE, on trouve également l’Ukraine, les Balkans et bien sûr la Suisse, et d’autres pays attrayants qui n’ont pas de lois fiscales (pas de règles CFC), notamment la Malaisie, la Colombie, le Chili, l’Ile Maurice, les Philippines, Singapour, la Thaïlande et bien d’autres (dans une section ultérieure, nous expliquerons plus en détail, pays par pays, en quoi consistent ces lois spécifiques).
Si vous résidez dans un pays où il n’existe pas de règles CFC, vous n’aurez aucun problème à établir et à gérer vos sociétés offshore. En d’autres termes, vous n’avez pas à déclarer que vous avez créé une société offshore, ni à rendre compte de vos bénéfices.
Bien sûr, vous n’avez pas non plus à payer d’impôt sur les sociétés. Vous pouvez donc démarrer des entreprises dans des juridictions où vos sociétés ne paieront pas d’impôts.
Comme nous l’avons déjà mentionné, cela ne signifie pas que vous, en tant que personne physique, ne paierez pas d’impôt si vous résidez dans un pays qui établit une cotisation à cet effet. Vous devez déclarer vos revenus dans le pays où vous résidez fiscalement, conformément aux conditions des lois fiscales locales.
Vous paierez généralement moins d’impôt, puisque vous toucherez votre revenu sous forme de dividendes (ce qui est habituellement plus rentable), et vous pourriez même être exonéré de tout impôt et autorisé à laisser votre argent dans la société. Si vous le faites, vous pourrez retarder le moment où vous distribuerez les dividendes jusqu’au moment opportun et déménager dans un pays où ce type de revenu n’est pas du tout imposé, ce qui vous permettra de retirer tout l’argent de la société sans payer un sou.
Comme vous pouvez l’imaginer, au moment de choisir le meilleur pays de résidence, il ne suffit pas de vérifier que l’État n’impose pas (que le système soit non-dom, territorial ou général), mais aussi qu’il ne perturbe pas la gestion de vos sociétés étrangères.
Parfois, vous n’avez même pas besoin d’aller dans un paradis fiscal pour éviter de payer des impôts ; vous pouvez souvent trouver des pays très attrayants qui imposent les sociétés et les travailleurs locaux, mais qui ne vous obligent pas à payer des impôts sur le revenu gagné à l’étranger.
Les conséquences des règles CFC dans la pratique
Si vous n’avez pas la chance de vivre dans un pays sans législation fiscale internationale, ce qui serait le cas si vous résidiez en Australie, au Canada ou au Royaume-Uni (vous trouverez une liste complète ci-dessous), vous devez garder à l’esprit comment ces lois fiscales internationales peuvent affecter votre capacité à établir et gérer des sociétés à l’étranger.
Les règles CFC de ces pays varient énormément en nature et en effet.
Dans tous les cas, en tant que propriétaire d’une société étrangère, vous devrez peut-être payer l’impôt sur les sociétés dans votre pays de résidence (même sur les bénéfices qui n’ont pas été distribués) dans les cas suivants :
- si la société est située dans un État où il n’y a pas d’impôts ou dans lequel la charge fiscale est faible (un pays où la charge fiscale est faible est généralement considérée comme un pays où le taux d’imposition est inférieur de 20 à 50 % à celui de votre pays de résidence ; il existe aussi souvent une liste noire de paradis fiscaux)
- si les revenus de la société sont essentiellement passifs et supérieurs à 30 % (on entend par revenus passifs les revenus d’intérêts, licences, loyers, brevets, etc.)
- si le partenaire de la société y détient une part élevée (la définition d’une part élevée varie d’un pays à l’autre, parfois de 1% à 50%).
Les diagrammes suivants illustrent les impacts des règles BEPS sur les structures financières internationales.
AVANT BEPS
APRES BEPS
Source : Bénédicte Peyrol, Avis au nom de la commission des finances sur le projet de loi autorisant la ratification de la convention multilatérale pour la mise en œuvre des mesures relatives aux conventions fiscales pour prévenir l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices, Assemblée nationale, XVe législature, n° 1093, 20 juin 2018.
Les répercussions juridiques des règles CFC
Il est important de comprendre que les règles des CFC n’interdisent pas l’établissement de sociétés et qu’aucun pays ne peut empêcher une personne ou une société de toute nationalité ou résidence de créer des sociétés à l’étranger.
Bien entendu, ces règles peuvent avoir un effet (négatif) sur la situation fiscale. Parfois, il en résulte que le partenaire devra payer l’impôt sur les sociétés dans son pays de résidence.
Généralement, lorsque la société a sa résidence dans un pays où la charge fiscale est faible, vous paierez l’impôt dans votre pays d’origine comme s’il s’agissait d’une société nationale. Toutefois, dans le pire des cas (lorsqu’il n’y a pas de convention de double imposition), vous devrez payer de l’impôt sur les sociétés dans les deux pays (ce qui est très rare, puisque les seuls pays qui n’ont pas conclu de telles conventions ne paient généralement pas d’impôt).
Couverture géographique des règles CFC en Europe
La carte ci-dessous vous montre par couleurs la répartition de ces critères dans les diverses juridictions en Europe + Turquie.
CFC sur revenu passif uniquement:
Les 9 pays suivants n’imposent que les revenus passifs d’une SEC : l’Autriche, la République tchèque, le Danemark, l’Allemagne, la Grèce, la Lituanie, les Pays-Bas, la Slovénie et l’Espagne.
CFC sur revenu actif et passif:
Les 10 pays suivants imposent à la fois les revenus actifs et passifs d’une SEC : la Finlande, la France, l’Islande, l’Italie, la Norvège, la Pologne, le Portugal, la Suède, la Turquie et le Royaume-Uni.
CFC sur revenus considérés comme « arrangés »
Les 10 pays suivants imposent tous les revenus associés à des arrangements non authentiques : la Belgique, l’Estonie, la Hongrie, l’Irlande, la Lettonie, le Luxembourg et la Slovaquie.
Les règles CFC dans le monde
Afrique du Sud : les règles s’appliquent si la part est supérieure à 50 %, en tenant compte de l’impôt à la source.
Allemagne (1972) : les règles s’appliquent sur les revenus passifs si la CFC a un IS inférieur à 25%, ou si le conseil d’administration ne réside pas dans le pays. Exonération si CFC situé dans l’UE ou l’EEE et non un arrangement artificiel.
Argentine : les règles s’appliquent si les revenus passifs correspondent à 50% du total et si le taux de la filiale est inférieur à 75 % du taux argentin.
Australie (1990): les règles s’appliquent si le revenu passif correspond à plus de 5 % du revenu total.
Autriche (2019) : les règles s’appliquent si le revenu passif est taxé à moins de 12,5% (y compris dans les pays membres UE). Le montant des impôts payés pour toutes les filiales étrangères doit être prouvé. Néanmoins une clause échappatoire étale sur 3 ans la limite d’un tiers de revenus étrangers par rapport aux revenus totaux engendrés. Ce calcul du tiers de revenus s’applique séparément sur chacune des 3 années fiscales. Il y a exemption des règles CFC s’il y a activités économiques substantielles.
Belgique (2019): Depuis janvier 2019, elle fait partie des pays membres UE qui ont introduit dans leur législation les règles visant les CFC et les applique si le pays étranger impose une taxe inférieure à 50% du taux appliqué en Belgique.
Brésil (2014) : la première année 12,5 % des bénéfices seront réputés avoir été distribués à la société mère brésilienne, même en l’absence de répartition des bénéfices. Pas de CFC pour les sociétés de pétrole.
Canada (1976): les règles CFC sont nommées les règles FAPI (foreign accrual property income) ; elles taxent tous les revenus passifs des filiales étrangères (controlled foreign affiliate, “CFA”) ainsi que les dividendes des filiales étrangères (foreign affiliate, « FA »).
Chili (2014) : les règles s’appliquent si le revenu passif correspond à plus de 10 % du revenu total de l’entité contrôlée.
Chine (2008) : les règles s’appliquent si l’impôt sur les sociétés est inférieur à 12,5 %.
Corée du Sud (1995): les règles s’appliquent si l’impôt sur les sociétés est de 15% en moyenne ou moins, sur les 3 derniers exercices pour les sociétés étrangères détenues à min. 10%. Les règles ne s’appliquent pas s’il y a substance (bureau fixe, activité permanente, etc…) mais elles s’appliquent quand même si les revenus passifs représentent min. 50% des revenus bruts.
Costa Rica: n’applique pas de règles CFC.
Danemark (1995): les règles s’appliquent si le revenu passif correspond à plus de 50% du revenu total ; 50 % des revenus de la filiales (principalement les intérêts, royalties, plus-values, …) sont considérés d’office comme des revenus CFC imposables au DK. Les filiales étrangères sont exonérées si moins d’1/3 de leurs revenus sont des revenus passifs.
Égypte : il n’y a pas de règles CFC, mais des dispositions similaires sont mises en place pour les investissements ; les bénéfices générés par leur cession sont déterminés sur la base de la différence entre le coût de l’acquisition des investissements et sa valeur de vente.
Espagne (1995): les règles s’appliquent sur les revenus passifs, si la CFC a un IS inférieur à 75% de l’IS en Espagne. Exonération si situé dans l’UE et non un arrangement artificiel.
Estonie (2000): les règles s’appliquent si la CFC a un IS inférieur à 7 %. Exonération CFC si bénéfices inférieurs à 750 000 € ou revenus passifs inférieurs à 75 000 € ; et si CFC située dans des pays partenaires de la convention fiscale estonienne.
États-Unis (1960) : les règles s’appliquent si la part détenue par des citoyens américains est supérieure à 50 %.
Finlande (1995): les règles s’appliquent sur tous les revenus si la CFC a un IS inférieur à 3/5, et si participation de plus de 50% dans la filiale. Exonération si i) situé dans l’UE ou l’EEE et non un arrangement artificiel ; ii) les activités industrielles, manufacturières et maritimes ; ou iii) la Finlande a une convention de double imposition avec le pays étranger (à l’exclusion des pays de convention fiscale mentionnés dans une « liste noire »).
France (1980) : les règles s’appliquent sur tous les revenus si la CFC a un IS inférieur à 50% de la somme telle qu’elle aurait été perçue en France, et si la participation est de minimum 50 % dans la société étrangère. Exonération si situé dans l’UE et non un arrangement artificiel, ou si CFC exerce une activité commerciale ou de fabrication.
Géorgie: n’applique pas de règles CFC.
Grèce (2014): les règles s’appliquent sur les revenus passifs si participation de plus de 50% dans filiale étrangère, si l’entité est base dans un état non coopératif ou ayant un taux d’impôt faible, si 30% des revenus nets avant impôts dérivent de revenus passifs ou de revenus d’activités financières. Exonération si situé dans un pays de l’UE ou de l’EEE avec un accord d’échange d’informations et si actions CFC négociées sur un marché réglementé.
Hongrie (1997): les règles s’appliquent si la CFC a un IS inférieur à 4,5 % ou moins 50% du montant potentiellement perçu en Hongrie et si participation de plus de 50% dans filiale étrangère. Exonération si i) activité économique réelle ; ii) en dessous d’un certain seuil et ratio de profit ; ou iii) situé dans un pays avec un traité permettant une exemption.
Indonésie : des règles s’appliquent si la part est supérieure à 50 %. Les seules filiales exemptées sont celles cotées sur une bourse de valeur reconnue.
Irlande (2019): Exonération si i) en dessous de certains seuils de bénéfices et de revenus ; ii) les règles de prix de transfert s’appliquent ; ou iii) réussit le test du but essentiel.
Islande :(2010) les règles s’appliquent sur tous les revenus si la CFC a un IS inférieur à 2/3 du taux national qui est de 20% (c-à-d inférieur à +/- 13,3%) ou si le conseil ne réside pas dans le pays. Exonération si situé dans les pays de l’EEE ou a un traité de double imposition avec l’Islande.
Israël (2003): les règles s’appliquent si l’impôt sur les sociétés est inférieur à 15%, si le revenu est passif, si le contrôle de la filiale est de 10% ou plus.
Italie (2001): les règles s’appliquent sur tous les revenus si la CFC a un IS inférieur à 50% de celle appliquée en Italie et si plus d’1/3 des revenus provient de revenus passifs. Exonération si activités économiques substantielles.
Japon (1978): des règles s’appliquent sous 3 conditions : 1) filiale non active et son taux d’impôt est inférieur à 20 % ; 2)filiale sans substance dont taux impôt est inférieur à 30% ; 3)si revenus passifs sont imposés à un taux « seuil » de 20%. Nouvelles réformes en avril 2019 concernant les définitions de ‘paper company’, ‘cashbox company’, activités dans les assurances.
Lettonie: il existe des règles CFC- IS (2019) et des règles CFC-IRP (2013)). Pour l’IS: les filiales détenues à plus de 50 % les règles s’appliquent si les bénéfices s’élèvent à 75 K€, si les revenus passifs s’élèvent à 75 K€, si la filiale est enregistrée dans un paradis fiscal. 15% d’impôt est payé sur les transactions avec les pays à faible charge fiscale. Pour l’IRP: s’appliquent si au moins 25% d’une société de capitaux non résidente (dont les actions ne sont pas cotées sur le marché réglementé d’un État membre de l’Union européenne ou d’un État de l’Espace économique européen ), une société de personnes ou une autre personne morale, une fondation étrangère, une fiducie ou une autre entité juridique établie ou établie dans des pays et territoires à faible imposition ou sans imposition est détenue ou contrôlée, directement ou indirectement, par des contribuables résidents (personnes physiques). Dans ce cas, les bénéfices de cette entité, qu’ils soient distribués ou non, sont attribués proportionnellement à leurs actionnaires résidents et imposés en conséquence (au titre de l’impôt sur le revenu des personnes physiques).
Luxembourg (2018) : les deux conditions suivantes doivent être remplies simultanément: 1) une participation directe ou indirecte de plus de 50% dans l’entité étrangère. 2) impôt étranger est inférieur à 50 % de l’impôt luxembourgeois sur le revenu des sociétés (IRS) ; le taux d’IS de référence à des fins de comparaison pour l’année d’imposition 2022 est de 8,5 % pour les revenus imposables supérieurs à 200 000 €. Exonération si i) il ne s’agit pas d’un montage artificiel ou ii) les bénéfices comptables sont inférieurs à 750 000 € ou inférieurs à 10 % des coûts d’exploitation.
Lituanie : les règles s’appliquent aux revenus passifs si la CFC a un IS inférieur à 50% de la somme demandée en Lituanie ; si le revenu passif dépasse 1/3 du revenu total imposable; si la CFC est enregistrée dans un des pays de la liste noire.
Malte (2019) : les règles s’appliquent sur tous les revenus, si le revenu étranger correspond à plus de 50% du revenu total et si la participation dans des filiales étrangères atteint minimum 50%. Exigence substance : bureau stable à l’étranger. Exonération bénéfices comptables < 750 000 € et revenus non commerciaux < 75 000 €, ou si bénéfices comptables < 10% des charges d’exploitation.
Mexique (1997): les règles s’appliquent si le revenu passif correspond à plus de 20 % du total et si le pays étranger impose moins de 75 % de la somme demandée au Mexique.
Nouvelle-Zélande : les règles s’appliquent si les revenus passifs correspondent à plus de 5% du total.
Norvège : les règles s’appliquent sur tous les revenus, si la participation est supérieure à 60 %, si lla CFC a un IS inférieur aux 2/3 de l’IS en Norvège. Exonération si situé dans un pays de l’EEE et non un arrangement artificiel ou situé dans un pays de convention fiscale et non principalement un revenu passif.
Panama: n’applique pas de règles CFC.
Paraguay: n’applique pas de règles CFC.
Pays-Bas (2019): les règles s’appliquent sur revenus passifs, si 1) participation directe ou indirecte d’au moins 50 % du capital nominal libéré, des droits de vote et des bénéfices dans la filiale étrangère ou l’établissement stable ; 2) la filiale étrangère ou l’établissement stable est résident d’un pays spécifiquement identifié par le gouvernement néerlandais et est: a) non soumis à l’impôt sur les sociétés dans son pays de résidence ; ou b) la CFC a un IS taux légal inférieur à 9 % ; ou c)l a filiale ou l’établissement permanent étranger n’exerce pas une activité économique importante.
Pérou : les règles s’appliquent si le pays étranger impose une taxe inférieure à 75% de la somme demandée au Pérou.
Pologne : les règles s’appliquent sur tous les revenus, si les revenus passifs correspondent à 33% du total, si la CFC a un IS inférieur à la différence entre celui-ci et celui qui aurait été payé en Pologne, si la filiale est basée dans un État non coopératif, Depuis 2019 également pour les filiales contrôlées par des intermédiaires (fiduciaires, agents, etc …), ces dernières sont imposées à 19%. Exonération s’il ne s’agit pas d’un arrangement artificiel.
Portugal : les règles s’appliquent sur tous les revenus, si la CFC a un IS inférieur à 60 % du taux normal au Portugal, si la maison mère contrôle au moins 25% de la filiale. Si les parts s’élèvent à min 50 %, le seuil du taux d’impôt est de 10% au lieu de 60%. Exonération si situé dans les pays de l’UE et de l’EEE; d’autres exemptions peuvent s’appliquer. Exonération si bénéfices ou revenus représentent >75% et que les activités soient substantielles (agriculture ou industrie ou, pas principalement au Portugal, commerce ou services). Ces opérations doivent être autres que celles de crédit, financières, d’assurance, de détention et de location de biens avec du personnel, des équipements, des actifs et des installations.
République Tchèque (2019): Une CFC est définie comme une société tchèque non résidente dans laquelle la société tchèque participe (seule ou avec ses parties liées) à plus de 50 % des droits de vote ou des bénéfices.
Royaume-Uni : CFC strictes. Diverses exonérations existent pour certains types de sociétés, celles qui entrent dans le régime pour la première fois, les CFC à faibles bénéfices ou à faibles marges, les CFC dans les territoires exclus, ou d’autres avec des taux d’impôt sur les sociétés similaires ou supérieurs aux taux britanniques.
Russie : les bénéfices non distribués d’une CFC contrôlée par un résident fiscal russe sont imposables en Russie sur une base annuelle (au taux de 20 % de l’impôt sur le revenu des sociétés si la personne qui exerce le contrôle est une personne morale résidente fiscale russe, ou au taux de 13 % si la personne qui exerce le contrôle est une personne physique résidente fiscale russe). Plusieurs exemptions et plusieurs méthodes de calcul sont définies.
Slovaquie (2019): les règles s’appliquent si montage artificiel, et si la CFC a un IS inférieur à 50% de l’impôt tel qu’il serait dû en Slovaquie. Exemption pour activités de fond.
Suède : les règles s’appliquent sur tous les revenus, si la CFC a un IS inférieur à 11,8%, si parts détenues s’élèvent à 25% (au lieu de 50% avant modification 2019), si revenus passifs proviennent de propriété intellectuelle ou de royalties. Exonération si situé dans l’EEE et non un arrangement artificiel ou situé dans les pays de la liste blanche.
Suisse : Il n’y a pas de règles CFC en Suisse. Les revenus d’une filiale étrangère non distribués ne sont donc pas taxés.
Taïwan (2023): les règles s’appliqueront en 2023 sur tous les revenus, si 1) la CFC a un IS 70% inférieur à l’IS taïwanais (70% de 20% = 14%) ou si l’État de la CFC n’impose que les revenus de source nationale (ou les revenus de source étrangère ne sont imposés que sur la base des versements); et 2) 50 % ou plus des actions de l’entité sont détenues directement ou indirectement par une entreprise ou un individu taïwanais ou sont fortement influencées par une entreprise ou un individu taïwanais ou des personnes liées à une entreprise ou un individu taïwanais.
Thaïlande: n’applique pas de règles CFC.
Turquie : les règles s’appliquent sur tous les revenus, si les revenus passifs correspondent à 25 % du total et si la somme imposable est inférieure de 10 % à celle de la Turquie, et si son bénéfice est supérieur à son équivalent en devises étrangères de 100 000 TRY. Exonération si revenu brut inférieur à 100 000 TRY.
Uruguay : n’applique pas de règles CFC.
Vénézuela : les règles s’appliquent si l’impôt sur les sociétés est inférieur à 20%.
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Listes noires / Listes grises / Listes blanches
Selon le cas, certains États décident si les règles CFC s’appliquent ou non selon le pays en question. Des listes ont été dressées selon le niveau de coopération des pays visés.
1* Pays non coopératifs/ listes noires
Les listes noires comprennent souvent des paradis fiscaux. Chaque État définit les paradis fiscaux selon ses propres critères. Les pays sans impôt sur les sociétés sont souvent automatiquement inclus dans ce groupe. Les États ayant conclu des accords d’échange de données fiscales sont généralement exclus de ces listes. C’est pourquoi certains pays sans impôt sur les sociétés ne figurent pas sur la liste noire.
En principe, chaque pays a sa propre liste ‘noire’, mais l’Union Européenne a dressé une liste communautaire aussi.
Chaque pays figurant sur cette liste est automatiquement soumis à l’impôt sur les sociétés dans le pays de résidence de l’associé, quelles que soient les règles en vigueur dans le pays de l’entreprise. Il y a souvent des conditions supplémentaires, et parfois certaines dépenses de la société ne peuvent pas être déduites.
Il y a une raison à cela : les États lourdement taxés soupçonnent systématiquement les sociétés établies dans les zones à faible imposition d’évasion fiscale. Ces États déploieront donc tous leurs moyens pour assimiler les profits à l’étranger aux profits qui seraient réalisés dans leur juridiction, et donc ils imposeront comme expliqué plus haut, les mêmes taux d’imposition en vigueur sur leur territoire.
Cette liste est évolutive, la première liste date du 5 décembre 2017 (17 juridictions: Bahreïn, Barbade, Corée du Sud, Émirats Arabes Unis, Grenade, Guam, îles Marshall, Macao, Mongolie, Namibie, les Palaos, Panama, Samoa, les Samoa américaines, Sainte-Lucie, Trinité-et-Tobago et Tunisie)
Un mois plus tard, le 23 janvier 2018, 8 juridictions ont été désinscrites de cette liste noire (La Barbade, la République de Corée, les Émirats arabes unis, la Grenade, la région administrative spéciale de Macao, la Mongolie, le Panama et la Tunisie).
Deux mois plus tard, en mars, 3 autres juridictions (Bahreïn, les îles Marshall et Sainte-Lucie) sont à leur tour retirées de la liste noire, alors que 3 nouvelles juridictions sont rajoutées (les Bahamas, Saint-Kitts-et-Nevis et les îles Vierges américaines).
Entre mai et décembre, c’est au tour des Bahamas et Saint-Kitts-et-Nevis, Palaos, Lichtenstein, Pérou, Namibie, Andorre et Saint-Marin d’être retirés de la liste noire.
En mars 2019, 10 nouvelles juridictions rejoignent la liste noire : Aruba, la Barbade, le Belize, les Bermudes, la Dominique, les Émirats Arabes Unis, les Fidji, les Îles Marshall, Oman et le Vanuatu, pour n’avoir pas respecté les délais convenus avec l’UE.
En mai 2019, 3 juridictions (Aruba, Les Bermudes et la Barbade) sont retirées de la liste.
En juin, la Dominique est retirée.
Et chaque année, des États sont soit ajoutés soit retirés des listes noires selon leur conformité avec les attentes de l’OCDE ou avec les attentes d’un pays en particulier.
La liste française des pays blacklistés en 2022
- Anguilla
- American Samoa
- Fiji
- Guam
- Palau
- Panama
- Samoa
- Trinidad and Tobago
- US Virgin Islands
- Îles Vierges britanniques
- Vanuatu
- Seychelles
Ces pays en liste noire ont refusé d’engager un dialogue ou de remédier à leurs manquements en matière de bonne gouvernance fiscale.
En dehors des listes noires de l’UE, vous pouvez également trouver des listes noires dressées par chaque pays individuellement dans le monde (comme la liste française ci-avant), et il y a ensuite le top 10 mondial des paradis fiscaux :
Comme vous le voyez sur le classement ci-dessus, on peut se poser la question sur la stratégie des États-Unis : ils ont été les premiers à lancer des lois pour mettre fin ‘aux paradis fiscaux’ qui attiraient leurs citoyens, mais curieusement, ils sont eux-mêmes en top 3 de la liste des paradis fiscaux. Ils sont par ailleurs régulièrement décriés dans les médias : « Ils se défendent contre les paradis fiscaux étrangers, tout en étant un paradis fiscal pour les étrangers ! »
On pourrait penser que c’est tout à fait légitime de vouloir défendre ses biens et ses intérêts. Mais alors, ne serait-ce pas tout aussi légitime pour nous, citoyens du monde de défendre nos biens et nos intérêts ?
C’est précisément la raison d’être de notre blog Libredetat, qui veut que chaque citoyen ait la liberté d’assurer ses propres intérêts et de vivre librement là où il est le mieux traité (théorie des drapeaux). Et d’aller là où il est le moins imposé.
2* Pays potentiellement coopérants/ listes grises
Les pays qui sont retirés de la liste noire sont en général transférés sur une liste grise, et font l’objet de suivi, à l’issue duquel ils sont soit réintégrés dans la liste noire soit totalement exclus des listes (noire ou grise) s’ils satisfont aux exigences de l’UE. Les 13 territoires ‘en gris’ sont Anguilla, Australie, Bosnie-Herzégovine, Botswana, Eswatini, Jordanie, Maldives, Maroc, Mongolie, Namibie, Sainte-Lucie, Thaïlande et Turquie.
L’UE a l’intention de sanctionner les pays non coopératifs, par exemple en les privant de fonds européens.
3* Listes blanches
Certains États travaillent à l’inverse, utilisant des listes blanches au lieu de listes noires. Ces listes regroupent les pays dont les résidents peuvent créer et gérer des sociétés sans entraves, tout en payant l’impôt à la source. C’est le cas de la Chine qui liste blanc les pays suivants : Australie, Canada, France, Allemagne, Inde, Italie, Japon, Nouvelle-Zélande, Norvège, Afrique du Sud, Royaume-Uni et États-Unis. Les pays figurant sur ces listes ont souvent une charge fiscale élevée et de bonnes relations commerciales dans le monde entier.
Exceptions aux règles des CFC
OK, vous avez donc découvert que votre pays de résidence a des règles CFC, et qui plus est, elles sont strictes : elles ne vous permettent pas de créer une société comme vous le souhaitiez dans l’État que vous aviez sous les yeux.
Mais ne perdez pas espoir : les choses ne sont pas encore terminées.
En général, il y a deux exceptions importantes aux règles CFC. L’une est due à la loi sur la liberté d’établissement à l’intérieur de l’Union européenne, l’autre concerne les sociétés qui peuvent démontrer un certain niveau de « substance » dans le pays étranger.
Ci-dessous, vous pouvez lire en quoi consistent ces exceptions et comment elles peuvent vous aider à contourner les règles CFC dans votre pays de résidence.
Exception 1 : liberté d’établissement dans l’UE
Au sein de l’Union européenne, il existe différentes options pour optimiser vos impôts d’une manière totalement légale, mais seulement si vous êtes prêt à établir votre société au bon endroit (ou à la transférer).
Ces options sont dues à la liberté d’établissement dans l’UE, une loi qui garantit le libre établissement des personnes ou des sociétés dans tout pays de l’espace commun (article 49 du TFUE).
En principe, le droit européen l’emporte sur les lois et règles nationales, bien que cela n’ait pas empêché l’Allemagne, par exemple, d’entraver l’établissement de sociétés dans certains pays de l’Union européenne (Malte, Chypre, Irlande, Estonie et Bulgarie) en les classant comme ayant une faible charge fiscale.
Comme nous l’avons vu plus haut, la capacité d’optimiser vos impôts en tirant parti des différents systèmes fiscaux de l’UE pourrait disparaître si Bruxelles parvient à ses fins.
Une fiscalisation européenne unique est tentée depuis plusieurs années, mais compte tenu de la situation actuelle dans l’Union européenne, il est peu probable que cette harmonisation fiscale réussisse, puisque tous les États devraient être d’accord, et une telle mesure serait dommageable pour au moins un quart d’entre eux. Ceux qui n’y voient pas un intérêt national appliquent soit leur droit de veto soit négocient des contreparties.
Exception 2 : Établissement stable avec fondation ou substance
Le concept de la substance fait référence à la crédibilité d’une société, à l’intérêt économique réel qu’elle a dans le pays où elle a été créée.
La substance est une question de degré. Pour montrer qu’une société a de la substance, elle peut avoir son propre bureau, des travailleurs, un manager à l’étranger, etc.
Si votre établissement stable ou votre société à l’étranger satisfait à ces exigences, il ne devrait y avoir aucune restriction à ce que votre État reconnaisse la société étrangère, quelles que soient ses règles strictes.
La substance joue un rôle important dans les conventions de double imposition. Le degré de substance nécessaire pour empêcher l’implication des lois fiscales internationales varie énormément d’un pays à l’autre.
Même dans les cas où il existe une convention de double imposition entre un État ayant une charge fiscale élevée et un État ayant une charge fiscale faible, les sociétés (et leurs avantages fiscaux potentiels) sont toujours reconnues lorsqu’elles ont suffisamment de substance. En l’absence d’accord, le processus est plus compliqué, mais pas nécessairement impossible ; tout dépend des pays concernés.
Dans la partie qui suit, nous vous présentons la situation spécifique de trois pays en terme de règles CFC: la France, l’Allemagne, la Belgique.
Le régime CFC en France
Le contrôle indirect et direct des actions ou des droits de vote est pris en compte pour déterminer le statut des CFC.
- PARTICIPATION DE MIN. 50%: Le seuil de contrôle aux fins des CFC est de 50 % et les règles s’appliquent aux revenus générés par toute succursale ou entité établie ou organisée dans une juridiction à faible taux d’imposition, c’est-à-dire une juridiction dont le taux d’imposition est inférieur à 50 % du taux français (en 2022, ce taux serait équivalent à 12,5%).
- PARTICIPATION DE MIN. 5%: Une disposition anti-abus réduit le seuil de contrôle de 50 % à 5 % si plus de 50 % du capital de l’entité étrangère est détenu directement ou indirectement par des sociétés françaises ou étrangères contrôlées par la société mère française.
En outre, le régime des CFC n’est pas applicable aux sociétés de l’UE (règle refuge), sauf si l’administration fiscale française démontre que la structure contestée a été créée exclusivement à des fins d’évasion fiscale.
Les règles s’appliquent lorsqu’une société française a une filiale, une succursale ou un établissement stable dans un autre pays, et qu’elle est réputée avoir reçu un revenu de l’entité étrangère.
Un régime fiscal est défini privilégié si sa juridiction (étrangère) soumet le bénéfice imposable à un taux égal ou inférieur à 50 % au moins de l’impôt sur le bénéfice qui aurait été dû en France si l’activité de l’entité étrangère avait été exercée en France (en 2022, ce taux serait équivalent à 12,5%).
Les bénéfices de l’entité étrangère qui relèvent des règles CFC ne sont plus soumis à une imposition séparée. Ils sont désormais agrégés avec les autres bénéfices imposables de la société mère française.
Si les actions sont cotées sur un marché réglementé, l’administration fiscale française est tenue de démontrer que les sociétés agissent de concert pour prouver l’existence du contrôle.
L’imposition s’applique à la part proportionnelle des revenus que la société mère française aurait dû percevoir.
Les pertes de la société mère peuvent être utilisées pour compenser les profits des CFC.
Lorsque des revenus de source étrangère sont imposés en France, les retenues à la source étrangères peuvent être déductibles de l’impôt français sur les sociétés conformément aux conventions fiscales.
Une société mère française peut se soustraire aux règles CFC si elle démontre que l’entité étrangère exerce une activité commerciale ou industrielle effective, menée depuis son pays d’établissement ou son siège social.
Sur base des mesures ATAD qui secouent actuellement les membres UE, la France avait déjà implémenté toutes ces mesures CFC et ne compte rien modifier à ce jour. Par contre, le projet de loi de finances est axé sur d’autres mesures de la loi ATAD, telles que l’exonération de participation des dividendes éligibles, qui passerait de 95 % à 99 % lorsque des dividendes sont reçus de sociétés françaises appartenant au même groupe consolidé, de sociétés de l’UE ou de sociétés constituées dans l’Espace économique européen.
Le régime CFC en Belgique
Les règles CFC viennent d’être introduites en janvier 2019 dans la législation belge; elles seront mises en application à partir de l’exercice fiscal 2020 (revenus 2019).
Les critères retenus sont :
– la détention de la société contribuable, seule ou avec ses entreprises associées, d’une participation directe ou indirecte de plus de 50% du capital, des droits de vote ou des bénéfices d’une entité étrangère
– l’entité étrangère n’est pas soumise à l’impôt selon les règles applicables en Belgique ou est soumise à un impôt sur le revenu qui est inférieur à la moitié de ce qu’elle aurait payé en Belgique
– substance : activités de la filiale doivent être réels et présence physique démontrée (bureau, adresse, personnel, etc…)
Des mesures visant à éviter la double imposition seront mises en œuvre.
Le régime CFC en Allemagne
Pour avoir une idée des problèmes que peuvent poser les lois fiscales internationales, permettez-moi de vous présenter l’un des pays les plus restrictifs lorsqu’il s’agit de laisser ses résidents créer des sociétés à l’étranger : l’Allemagne.
Rappelez-vous, elle a été le premier pays à prendre exemple sur les États-Unis pour imposer les CFC, en 1972.
Si vous habitez en Allemagne, pour créer une société à l’étranger sans déclencher de règles CFC, vous devez prouver que votre entreprise a « de la substance » dans le pays étranger. En d’autres termes, il doit y avoir un bureau, des employés et des contrats. C’est même le cas avec d’autres pays de l’Union européenne (ce qui est contraire à ce droit communautaire et a déjà donné un avertissement à l’Allemagne, qui l’a ignoré à part quelques petites modifications aux règles).
De plus, le gérant de la société doit passer un certain temps à l’étranger et ne doit pas détenir plus de 50% des actions.
Si cela ne suffit pas, la société doit également contribuer à l’économie du pays (ou du moins essayer de le faire), et doit démontrer qu’elle a un intérêt économique à établir la société à l’étranger. C’est souvent l’obstacle auquel les gens se heurtent lorsqu’ils créent des sociétés dans des paradis fiscaux (parce qu’il est difficile d’obtenir des clients dans ces pays).
Si vous ne pouvez pas prouver que votre société étrangère a de la substance, vous devez payer l’impôt à la source en Allemagne.
Cela signifie que la société paie à la fois l’impôt sur les sociétés allemand et l’impôt sur le commerce (selon le lieu de résidence de l’associé).
Même si la société étrangère ne distribue pas ses dividendes, elle n’échappera pas au Trésor allemand. Le droit fiscal allemand cite explicitement ce cas ainsi que les impôts sur les bénéfices qui n’ont pas été répartis entre les partenaires.
La déclaration d’honoraires (Hinzurechnungsbesteuerung en allemand) a généralement un effet très négatif sur les déclarations fiscales individuelles. De plus, la base n’est souvent pas le bilan de la société, mais une somme fictive estimée par l’administration fiscale allemande (et rarement en faveur de l’entreprise).
Un rapport de la Deutsche Bank en 2018 soutient que la définition allemande d’un taux d’imposition faible (25%) est trop élevée pour déclencher l’application des règles CFC.
Il en résulte que le fait de résider en Allemagne rend très difficile l’optimisation fiscale par le biais de stratégies fiscales internationales. Il faut créer une société avec des substances dans un autre pays de l’Union européenne, ce qui est une solution assez coûteuse qui ne vaut la peine que lorsque les revenus sont élevés.
Malgré cela, si vous le faites bien, vous pouvez ne payer que 5 % d’impôt à Malte, par exemple.
Conclusion
Comme vous pouvez le constater, le sujet des règles CFC n’est pas simple, il est même très complexe. Il varie totalement selon votre pays de résidence et le site de votre société étrangère.
Si vous voulez savoir si vos plans d’optimisation fiscale fonctionnent, n’hésitez pas à nous consulter; nous avons aidé des milliers de personnes à améliorer leur situation fiscale.